Augmentation des dépôts sauvages suite au confinement

Suite au confinement imposé dans le cadre du COVID19 et aux fermetures d’un certain nombre de déchetteries, le nombre de dépôts sauvage n’a fait qu’augmenter en France jusque dans des site classés comme le Parc National des Calanques. Déchets issus de l’activité du bâtiment, encombrants issus des travaux de bricolage des particuliers, outre l'impact paysager, ces déchets peuvent générer des pollutions invisibles et avoir des impacts graves sur les écosystèmes. « Le confinement ne doit pas se transformer en "opportunité" pour certains de polluer à l'abri des regards », alerte France Nature Environnement (FNE).

Publié le 16/04/2020 (mis à jour le 17/04/2020)

Article initialement parue sur Actu Environnement.com

Déchets : les effets délétères du confinement sur les dépôts sauvages

Le confinement n'empêche pas les dépôts sauvages. Il semble même les accélérer. Les délinquants prennent comme prétexte la fermeture des déchetteries et l'arrêt du ramassage des encombrants.

Le 10 avril, le Parc national des Calanques a lancé un cri d'alarme. En cette période de confinement, le gestionnaire de cette zone naturelle à la protection renforcée déplore une recrudescence des dépôts sauvages sur son territoire, en particulier de déchets de bâtiment.

« Les sites où ont été déposés ces déchets sont en zone de cœur du parc et inclus dans le site classé "Massif des calanques" qui sont deux entités à forte valeur patrimoniale, que ce soit d'un point de vue biologique ou paysager », indique l'établissement public. Outre l'impact paysager, ces déchets peuvent générer des pollutions et avoir des impacts sur les écosystèmes. « Les plastiques peuvent être emportés par le vent ou les eaux de ruissellement (…) et se retrouver loin de leur lieu de dépôt dans le milieu naturel et polluer les eaux, et la mer », rappelle le Parc, qui indique avoir ouvert plusieurs procédures judiciaires à l'encontre des contrevenants. Ceux-ci encourent des peines d'amende pouvant atteindre 75 000 euros pour un particulier et 375 000 euros pour une entreprise.

Neuf tonnes de gravats, dont du fibrociment

Ce témoignage est malheureusement loin d'être isolé. Des faits identiques sont rapportés un peu partout en France. Ainsi, l'Office français pour la biodiversité (OFB) indique que ses inspecteurs ont interpellé, le 30 mars, en flagrant délit, l'auteur d'un dépôt sauvage dans une petite commune proche de Lannemezan (Hautes-Pyrénées). Il s'agissait d'un agriculteur qui poussait des déchets de démolition dans une ravine à l'aide de son tracteur. Son complice, un responsable d'une entreprise de BTP, a été interpellé quelques heures plus tard. Sa motivation ? Économiser le coût, d'environ 150 euros la tonne, du transport des déchets vers un centre de collecte.

Les agents de l'OFB ont constaté la présence de près de 9 tonnes de gravats, parmi lesquels des plaques de fibrociment contenant de l'amiante. Le tout dans une zone surplombant des sources alimentant un ruisseau abritant une espèce protégée, l'écrevisse à pattes blanches, classée sur la liste rouge mondiale de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). En plus de la forte amende encourue, les agents de l'OFB « veilleront tout particulièrement à ce que la remise en état et la dépollution du site soient effectuées ».

Rouvrir certaines déchèteries

Les mesures de confinement semblent être utilisées par certains professionnels comme prétexte pour procéder à des dépôts sauvages. Les déplacements professionnels sont en effet limités à ceux qui ne peuvent être différés et aux achats de fourniture nécessaires à l'activité professionnelle. Un grand nombre de déchèteries sont par ailleurs fermées et les exutoires autorisés pour les déchets de bâtiment se font plus rares.

« Pour éviter la multiplication des dépôts sauvages, on a recommandé aux collectivités de maintenir un service minimum dans leurs déchèteries, surtout pour accueillir les déchets des professionnels », s'est défendue la ministre de la Transition écologique devant les sénateurs, le 3 avril. Élisabeth Borne a indiqué, à cette occasion, qu'elle travaillait avec les collectivités en vue de rouvrir certaines installations afin de disposer d'une couverture minimale du territoire.

« Stockez vos encombrants chez vous »

Les dépôts sauvages peuvent aussi être le fait de particuliers. Ceux-ci sont en effet davantage enclins à faire des travaux de bricolage et de rangement durant cette période de confinement, alors que beaucoup d'entre eux se retrouvent au chômage partiel.

Comme certains professionnels, ils sont confrontés à la fermeture des déchèteries, mais aussi à l'arrêt du ramassage des encombrants. Selon un état des lieux au 30 mars, effectué par l'association de collectivités Amorce, 73 % des déchèteries étaient totalement fermées et 23 % l'étaient partiellement, tandis que 75 % des collectes d'encombrants étaient suspendues. « Dans la mesure du possible, stockez vos encombrants chez vous », intime l'éco-organisme Citéo dans un mémo consacré à la gestion des déchets durant cette période inédite.

« Le confinement ne doit pas se transformer en "opportunité" pour certains de polluer à l'abri des regards », prévient France Nature Environnement (FNE), qui a mis en place une carte participative des dégradations subies par l'environnement, dénommée « Sentinelles de la nature ».